Exprimer ses émotions au moment précis où l’on est confronté(e) à une peur pourrait aider à réduire cette dernière, selon une étude publiée dans la revue Psychological Science.

Michelle Craske, Matthew Lieberman et Katharina Kircanski de l’Université de Californie à Los Angeles ont demandé à 88 personnes ayant une phobie des araignées (arachnophobie) de s’approcher le plus qu’elles pouvaient d’une grande tarentule placée dans un récipient ouvert à l’extérieur et éventuellement d’y toucher si elles le pouvaient.

Elles étaient ensuite réparties en quatre groupes qui s’assoyaient devant une autre tarentule placée dans un récipient à l’intérieur. Les participants du premier groupe étaient invités à décrire et nommer leurs émotions et leurs réactions (par ex.: « Je suis anxieuse et effrayée par cette araignée affreuse et terrifiante. »). Cette approche est particulière car elle diffère de la thérapie d’exposition (ou de désensibilisation)  traditionnellement utilisée pour le traitement des phobies et dont le but est de changer l’expérience émotionnelle ou la façon de penser afin d’être moins anxieux.

Les participants du deuxième groupe devaient plutôt mettre en application cette dernière approche en utilisant des termes rassurant visant à rendre l’expérience moins menaçante (par ex.: « C’est petite araignée ne peut pas me faire de mal, je n’ai pas peur d’elle. »).

Les participants du troisième groupe devaient se dire quelque chose sans rapport avec l’expérience, et ceux du quatrième groupe ne recevaient pas de consignes, ils étaient simplement exposés à l’araignée.

Les participants étaient testés à nouveau dans la situation extérieure une semaine plus tard. Ceux du premier groupe ont réussi à s’approcher plus près de la tarentule que ceux des autres groupes. Leurs mains étaient aussi moins moites, indiquant une moins grande activation émotionnelle. Ceux qui avaient utilisé le plus grand nombre de mots négatifs pour décrire leur expérience ont réussi à s’approcher plus près de la tarentule et transpiraient moins.

« Il est surprenant, dit Craske, que cette intervention minimale ait eu un effet significatif comparativement à l’exposition seule ».

 

Il y a une région du cerveau, explique Lieberman, le cortex préfrontal ventrolatéral droit, qui semble être impliquée à la fois dans la capacité de nommer les émotions et dans la régulation de ces dernières. Pourquoi ces deux fonctions vont de paire est encore mystérieux, dit-il.

Ces résultats sont potentiellement applicables à d’autres troubles anxieux tels que la phobie sociale et l’agoraphobie.

Il y a une tendance, en psychologie, vers les approches de thérapie cognitivo-comportementale basées sur l’acceptation et cette étude appuie cette tendance, souligne Craske.

Alors que les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) dites de deuxième vague étaient centrées sur la restructuration cognitive avec l’objectif de modifier les pensées dysfonctionnelles afin d’améliorer l’état émotif ou l’adaptation, les thérapies dites de la troisième vague intègrent notamment des apports de l’approche dite de la pleine conscience (mindfulness) qui consiste à porter attention aux expériences internes ou externes du moment présent sans porter de jugement de valeur.

 

Qu’est-ce que la phobie ? (Définition, symptômes…)

Le DSM-IV (1) définit l’agoraphobie, la phobie sociale et la phobie spécifique.

La phobie spécifique est caractérisée par une anxiété cliniquement significative, provoquée par l’exposition à un objet ou une situation spécifique redoutés, conduisant souvent à un comportement d’évitement.

Les critères diagnostiques sont les suivants:

  1. Peur persistante et intense à caractère irraisonné ou bien excessive, déclenchée par la présence ou l’anticipation de la confrontation à un objet ou une situation spécifique (p. ex., prendre l’avion, les hauteurs, les animaux, avoir une injection, voir du sang).
  2. L’exposition au stimulus phobogène provoque de façon quasi systématique une réaction anxieuse immédiate qui peut prendre la forme d’une attaque de panique liée à la situation ou facilitée par la situation. N.B. Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des accès de colère, des réactions de figement ou d’agrippement.
  3. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irrationnel de la peur. N.B. Chez l’enfant ce critère peut être absent.
  4. La (les) situation(s) phobogène(s) est (sont) évitée(s) ou vécue(s) avec une anxiété ou une détresse intense
  5. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situation(s) redoutée(s) perturbent, de façon importante les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles (ou scolaires) ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
  6. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 6 mois.
  7. L’anxiété, les attaques de panique ou l’évitement phobique associés à l’objet ou la situation spécifique ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental tel un trouble obsessionnel-compulsif (p. ex., lors de l’exposition à la saleté chez quelqu’un ayant une obsession de la contamination), un état de stress post-traumatique (p. ex., en réponse à des stimulus associés à un facteur de stress sévère), un trouble anxiété de séparation (p. ex., évitement scolaire), unephobie sociale (p.ex., évitement des situations sociales par peur d’être embarrassé), un trouble panique avec agoraphobie ou une agoraphobie sans antécédent de trouble panique.

Les sous-types suivants sont identifiés:

Type animal: la peur est induite par les animaux ou les insectes.

Type environnement naturel: la peur est induite par des éléments de l’environnement naturel tels les orages, les hauteurs ou l’eau.

Type sang – injection – accident: la peur est induite par le fait de voir du sang ou un accident ou d’avoir une injection ou tout autre procédure médicale invasive.

Type situationnel: la peur est induite par une situation spécifique telle les transports publics, les tunnels, les ponts, les ascenseurs, les voyages aériens, le fait de conduire une voiture ou les endroits clos.

Autre type: la peur est induite par d’autres stimulus. Ces stimulus peuvent comprendre la peur ou l’évitement de situations qui pourraient conduire à un étouffement, au fait de vomir ou de contracter une maladie; la phobie de l’espace (le sujet a peur de tomber s’il est loin de mur ou d’autres moyens de support physique) et les peurs qu’ont les enfants concernant les bruits forts et les personnages déguisés.

http://www.sciencedaily.com/releases/2012/09/120904192045.htm